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Comment Stéphane Leduc gère sa maison d’édition à distance

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Ressources de la vidéo de Stéphane Leduc :

Transcription texte (littérale) :

Olivier Roland : Je suis avec Stéphane Leduc qui est mon éditeur. Il est le cofondateur des éditions Leduc qui va bientôt éditer mon livre « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études ».

Par pur hasard, on est voisin à Londres. Tu viens juste d’emménager dans le quartier où j’habite. Je me suis dit que c’est l’occasion de t’interviewer chez moi parce qu’il y a quelque chose qui m’a beaucoup frappé chez toi.

Cela fait plusieurs années qu’on se connait, cela fait trois ans que tu es parti de Paris et que tu gères ton entreprise à distance.

Stéphane Leduc : Un peu plus même.

Je suis heureux d’être revenu à Islington à Londres parce que c’est un quartier que j’adore.

Ce que tu évoques, c’est la question de « c’est quoi être entrepreneur ? C’est quoi une entreprise ? » Ça le renvoie au titre « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études ». Je pense que c’est aussi pas loin d’être une qualité ou une caractéristique de beaucoup d’entrepreneurs, c’est de ne pas avoir réussi ses études. Justement, je les ai bien ratées aussi.

J’ai réussi à avoir mon bac, mais j’étais vraiment au bout du rouleau. Les études, ce n’était pas pour moi.

Olivier Roland : Donc, tu as arrêté après ton Bac ?

Stéphane Leduc : Oui.

Olivier Roland : Et tu t’es lancé dans quoi ?

Stéphane Leduc : Je me suis lancé dans le minitel. J’ai fait les 3615. J’ai travaillé pour la presse. Puis, j’ai fait un parcours. Après, j’ai fait de la photo. J’étais photographe indépendant.

Un jour, j’ai discuté avec mon père. Il me parlait tellement des livres qu’il n’arrivait pas à faire, il était éditeur, que je proposais de monter une maison d’édition ensemble. C’était il y a 15 ans.

Olivier Roland : Tu avais quel âge à l’époque ?

Stéphane Leduc : En 2002, j’avais 33 ans.

Olivier Roland : C’est ta première entreprise alors ?

Stéphane Leduc : Avant, j’étais indépendant. Je n’ai jamais été salarié. Je travaillais tout seul.

J’étais photographe indépendant. Avant, j’étais freelance dans le minitel.

Olivier Roland : Est-ce que tu as fait du minitel rose comme Xavier Niel ? Tout le monde se pose la question, je pense.

Stéphane Leduc : Non, je n’ai pas eu cette belle aventure de ce côté-là. J’étais plutôt l’équivalent d’un webmaster indépendant. On ne faisait pas webmaster à l’époque, mais c’était un peu ça. J’ai bricolé un peu la technique.

Olivier Roland : Tu faisais des sites web alors.

Stéphane Leduc : C’était avant le web.

Olivier Roland : Tu faisais des sites minitel.

Stéphane Leduc : Ça ressemble à ça. On faisait des sites avec des infos. Il y avait la rédaction, la conception, un peu de code. J’étais master écolo, j’ai commencé là-dedans parce que c’était le potentiel. On voyait déjà avant internet, ce que ça pouvait apporter. Et je me suis dit quand j’ai eu mon bac, c’est ce que je vais faire. Et c’est quoi les études pour faire ça ? On ne sait pas. Donc, autant bosser tout de suite.

Olivier Roland : Oui, il n’y a pas d’étude pour faire le minitel.

Stéphane Leduc : Moi, je savais un peu bricoler les ordinateurs. Je trouve que c’est comme ça aussi que beaucoup des gens ont démarré dans le web. C’est là où j’ai fait un parallèle. Effectivement, c’est un peu le même métier. C’est le métier d’avant.

Après, comme j’ai envie de faire autre chose, puis que j’étais un peu enfermé dans des petits carrés de minitel, j’ai voulu faire de la photo. Je me suis bien marré là-dedans, j’ai fait plein de trucs.

Et puis à un moment, ça m’a frustré d’être prestataire de service, d’être au service des autres. J’ai envie de faire autre chose. Donc, j’ai démarré cette maison d’édition avec mon père.

Le destin d’entrepreneur, les semaines de 70 heures, j’ai connu.

Olivier Roland : Et cette maison d’édition, tu l’as créé dans un but précis ? Tu voulais diffuser des livres en particulier ?

Stéphane Leduc : Non, pas du tout.

Je suis un amoureux de livre comme tous les autres qui travaillent dans l’édition. Mais à l’origine, c’était surtout un projet personnel, un projet de vie parce que j’en avais marre d’être prestataire de service et j’avais envie de me libérer.

Donc, c’était déjà un petit peu le problème. Et de pouvoir voyager puisque mon rêve à l’origine, c’était d’être photographe de National Geographic.

Ce que j’admirais dans National Geographic, c’est que contrairement à d’autres façons de faire des reportages et c’est ce que je vivais aussi, il fallait courir pour faire des photos, j’ai l’impression qu’ils prenaient le temps, ils partent en mission.

Les types n’allaient pas photographier les lieux en 15 jours, ils y restaient pendant 3 mois. J’avais cette envie-là.

Ce n’était pas du tout ce que j’ai fait par la suite. Je me suis pris dans le projet différemment, mais c’était mon idée de départ.

Olivier Roland : Du coup, tu n’as pas réussi à accomplir ce rêve.

Stéphane Leduc : Disons que ce n’est pas que j’ai réussi à accomplir ce rêve, c’est plutôt que le projet m’a tellement transformé que je n’ai plus trouvé d’intérêt à faire ça.

Olivier Roland : Tu as réussi à trouver ta voie avec ce projet de maison d’édition.

Stéphane Leduc : Complètement, ça m’a transformé à un point.

Olivier Roland : Pourquoi une maison d’édition alors qu’à la base, c’est photographe ?

Stéphane Leduc : J’ai toujours été dans les médias, j’ai commencé dans le minitel, j’ai fait de la photo. Puis, je suis tombé dans les livres quand j’étais petit.

J’ai grandi. Mon père était journaliste. Donc, j’ai toujours été fasciné par les médias. C’était mon univers. Puis, il y avait l’opportunité de le faire comme ça.

Olivier Roland : Tu démarres les Editions Leduc en 2003. Comment ça se passe au début ?

Stéphane Leduc : Ça se passe qu’il y a beaucoup de travail et que j’apprends beaucoup de choses.

On a eu des auteurs qui nous ont rejoints. C’était compliqué au démarrage parce qu’il fallait tout organiser, imprimer les livres, apprendre la gestion des comptes. Le classique de tous les entrepreneurs.

Puis, tu te retrouves à travailler 70 heures par semaine parce qu’il y a la facturation, les déclarations de TVA, les machins, les trucs.

Je connaissais déjà un peu ça dans ma vie précédente d’indépendant. Mais là, c’est vrai qu’après, j’ai eu des problèmes avec des salariés parce que c’est compliqué à gérer les salariés. Il y a des erreurs parce que ce n’est pas quelque chose de simple. Il faut une relation de confiance, il ne faut pas se tromper dans les recrutements, etc.

Cela a été assez lent aussi de ce point de vue-là.

On a fait des beaux livres, on avait des bons partenariats, des bons auteurs, des bons diffuseurs. Et on a fait un bon travail. Donc, ça a démarré, ça a décollé.

Olivier Roland : C’est une belle aventure.

Nous, on s’est rencontré en 2011 ou 2010. Tu m’as contacté via mail.

C’était intéressant parce que tu as publié pas mal de livres qui sont connus dans la blogosphère, notamment « Getting things done », le livre de David Allen qui a été traduit par « S’organiser pour réussir » qui était publié par toi en français. Et tu m’as découvert en tombant sur la chronique que j’avais fait de ce livre sur mon blog « Des livres pour changer de vie ».

Stéphane Leduc : Exactement. C’est comme ça que je t’ai connu. Et puis, j’ai connu d’autres blogueurs à ce moment-là puisque c’est là où on a publié ce livre qui est un énorme succès américain de David Allen. J’ai découvert qu’il y avait des blogueurs qui faisaient des chroniques, qui faisaient des développements personnels. J’ai trouvé cela passionnant.

Comme j’étais aussi lecteur de développement personnel depuis très longtemps puisque j’étais formé à ça dès mon enfance à lire des livres de ce type-là, Napoleon Hill, Dale Carnegie, etc., c’est comme cela que j’ai découvert ton blog. Puis, c’est comme ça que je t’ai contacté. Je pense que c’était pour la préface de Leo Babauta.

Olivier Roland : Je crois que c’était la toute première préface que j’ai écrite. C’était début 2012. C’est vrai que j’ai écrit trois préfaces chez toi.

Il y a eu « L’art d’aller à l’essentiel », il y a eu le « Personal MBA ». Puis, il y a eu « La machine à vendre infernal ».

Stéphane Leduc : Celui-là, on n’a pas réussi à le vendre.

Olivier Roland : Il fait partie du Personal MBA. C’est un excellent bouquin.

Stéphane Leduc : C’est un livre extraordinaire et c’est une frustration.

J’en ai quelques autres comme ça des frustrations sur les livres que je trouve assez fascinants, mais qui ont du mal à percer en France parce qu’il y a quand même un décalage culturel que tu connais bien.

Olivier Roland : Pourtant le « Personal MBA » si c’est bien vendu, c’est déjà…

Stéphane Leduc : Bien. Mais je pense qu’il y a un côté qui plus académique, la politique, le marché. Vous faites un adjectif : la machine à vendre.

Olivier Roland : Avec la machine à vendre.

Donc, on se rend compte. Puis au fur et à mesure, tu me dis : ça serait bien que tu sortes un bouquin. C’est comme ça que c’est né.

Pendant que je découvre les éditions Leduc, je trouve ça très intéressant, à un moment, tu pars à l’étranger et tu te mets à gérer cette boite complètement à distance alors qu’avant, tu étais dans les bureaux tout le temps.

Est-ce que tu peux nous parler de cette transition ? Comment ça s’est passé ?

Stéphane Leduc : Je pense que je me suis formé à plusieurs trucs. D’abord, c’est vrai que quand j’ai démarré, je m’occupais de tout, je gérais tout.

Olivier Roland : Tu es au four et au moulin.

Stéphane Leduc : Exactement, c’est le classique de chef d’entreprise. Tu gères ta boite. Et tu es le premier à arriver le matin, le dernier à partir le soir. Tu sais tout ce qui se passe, tu suis tout, tout passe par toi, etc.

En 2006, c’était mon premier rebond ou en tout cas changement. Je suis parti faire une formation en Essec en management international.

Olivier Roland : Tu as fait ça à côté de ton boulot ? Tu fais ça en cours de soir ?

Stéphane Leduc : C’est un peu comme un MBA. C’est un investissement et c’est un des meilleurs investissements que j’ai fait. C’était un vendredi et un samedi sur deux.

Olivier Roland : C’est tout ? De la part de quelqu’un qui a trouvé le titre « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études »

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Stéphane Leduc : C’est très intéressant.

Moi, ma blague favorite, c’est que si j’avais la malchance de réussir mes études, j’aurais peut-être été ingénieur dans l’armement et peut-être que je me suis ennuyé. Mais en tout cas, je ne regrette pas d’être passé par mon parcours d’apprentissage puisqu’en réalité, on est des étudiants pour la vie.

Olivier Roland : Qu’est-ce que tu as appris de concret dans ses études qui, d’après toi, fait que c’est le meilleur investissement de ta vie ?

Stéphane Leduc : C’était un truc assez extraordinaire. C’était les cours à l’Essec. C’est ce qu’ils appellent un Event management program. Donc, ça s’adresse aux cadres qui ont déjà pas mal de bouteilles.

Ça m’a permis de me mettre à jour sur des tas de notions que je n’avais pas parce que je n’étais pas passé par les grandes écoles. Ça m’a aussi donné confiance en moi puisque j’ai rencontré des gens qui étaient en général des gens qui croient dans ces formations, des gens qui sont des cadres à potentiel, on appelle ça comme ça, des gens qui sur les grosses boites, des consultants, des mecs qui ont des parcours, des gros diplômes.

Me mettre avec eux, ça m’a permis d’éliminer un certain nombre de complexes.

Puis, on avait aussi des professeurs de l’Essec ou les intervenants qui étaient des gens d’extraordinaire qualité.

Olivier Roland : Donc, tu as appris en gros à gérer une boite plus grande que ce que tu avais déjà ?

Stéphane Leduc : Exactement.

Olivier Roland : Et cela t’a aidé à t’accompagner dans cette nouvelle aventure. En 2006, tu avais combien d’employés ?

Stéphane Leduc : En 2006, quand j’ai démarré, j’étais très fier puisqu’on avait passé le million d’euros de chiffre d’affaires. Il y avait sûrement 5 ou 6 employés. C’était déjà au début une vraie boite. Il y avait déjà des gens qui nous rejoignaient.

D’ailleurs, la plupart des collaborateurs qui étaient là sont encore là. Ils nous ont suivis. Cela fait quand même quelques années.

Un des souvenirs, l’image que j’ai, à l’époque en 2006, je n’ai pas de BlackBerry encore ou d’iPhone. Je me précipitais pendant les pauses pour aller regarder mes emails, pour voir les livres qui partaient chez l’imprimeur. J’ai appris à prendre de la distance.

Olivier Roland : Est-ce que tu t’es rendu compte à ce moment-là que tu étais peut-être moins important que ce que tu pensais ? Tu pouvais laisser tes collaborateurs travailler que ça n’allait pas être la catastrophe ou est-ce que tu as mis à ce moment-là des procédures pour devenir moins important dans ton organigramme ?

Stéphane Leduc : Je ne suis pas un homme de système, je suis plutôt un homme de culture. Ce qui compte pour moi, c’est d’avoir des gens qui sont pro, qui savent faire ce qu’ils font, qui sont meilleurs que moi, qui ont fait des études, passionnés et c’est assez facile dans les livres d’être passionné par ce qu’on fait, d’être passionné par le projet, et puis pragmatique.

Il ne faut pas tomber amoureux non plus des livres. On fait des livres, mais il faut qu’il soit… ça, c’est une boutade que j’aime bien faire : C’est qu’un livre est bon subjectivement, j’aime ce livre. Puis, il est bon objectivement. Il se vend. Les gens le lisent, il est rentable. »

Ce sont des choses qu’on peut mesurer.

Effectivement, ça peut paraitre un peu vulgaire quand on parle d’une chose si noble que le livre, mais c’est une réalité.

Olivier Roland : Et puis, tu as une entreprise, tu as des salariés à payer

Stéphane Leduc : On a tous besoin d’être payés, on a tous besoin de vivre. Puis, c’est la réalité. Un livre peut être formidable, mais si les gens ne lisent pas, on est tombé à côté. Le livre n’est pas bon. En tout cas, il n’est pas réussi.

Donc, c’est vrai que ce sont des points : pro, passionné, pragmatique. C’est la culture des Editions Leduc et ça fonctionne pas mal.

Olivier Roland : Et donc, tu passes de cette entreprise qui est de 6 employés en 2006. Ça a évolué un peu ?

Stéphane Leduc : On a continué à progresser sur une pente à 2 chiffres toutes ses années. Moi, ce que ça m’a donné, c’est que j’ai appris à vivre la stratégie, à réfléchir parce que c’est vrai qu’on avait dans une école comme l’Essec, dans d’autres où on fait des business caisse, on étudie, on a des intervenants qui nous permettent de prendre du recul et d’aptitude.

Ce qui empêche souvent les entreprises de grandir, c’est le concept, l’idée d’avoir le nez dans le guidon parce que c’est vrai que tu pédales, tu pédales, mais tu ne vois pas où tu vas.

Et le rôle du chef d’entreprise, c’est de donner la direction, de dire où on va. Ce n’est pas être dans l’opérationnel tout le temps.

Cela a été une des grandes choses que cela m’a appris et peut-être aussi que ça m’a donné le goût d’aller plus loin, de réfléchir plus, de rencontrer des gens, de faire partie de groupes d’entrepreneurs. Là, ce n’était pas des entrepreneurs, c’était plutôt de dirigeant.

Olivier Roland : Quand tu m’as contacté aussi, j’ai faisais partie de la CJD et toi aussi. C’est vrai que ça nous avait rapprochés un peu. C’est le Centre des Jeunes Dirigeants, mais on n’est pas dans le même endroit. J’étais à Lille, tu étais à Paris.

Effectivement, c’est un super réseau pour rencontrer d’autres…

Tu as raison. Ce n’est pas forcément un chef d’entreprise, ça peut être des dirigeants, de gens qui sont hauts dans la hiérarchie de l’entreprise, mais qui n’ont pas forcément créé, qui ne sont pas forcément les propriétaires.

Stéphane Leduc : Ça, c’est sûr que le CJD, il y a un peu de variétés. En général, ce sont des gens qui ont des directions opérationnelles au moins, pas mal d’entrepreneurs, et aussi beaucoup de repreneurs de boite, et puis de dirigeants, des cadres dirigeants.

Et c’est vrai que quand je suis sorti de l’Essec, j’ai eu un moment assez classique de déprime, c’est-à-dire que je me sentais un manque que ça me manquait d’être confronté aux gens, de retrouver ça.

Chaque fois que j’arrivais là-bas, j’étais hyper excité parce que j’allais apprendre des choses et échanger des points de vue sur le monde, faire des choses qu’on trouve dans les lectures ou dans les conférences, les TED que je ne connaissais pas à l’époque, etc.

Et là, j’ai cherché à retrouver ça, et je l’ai trouvé dans le CJD. C’est un moyen de sortir de son isolement de dirigeant et d’apprendre un peu.

Le CJD, c’est un mouvement qui est beaucoup basé sur les valeurs, mais c’est basé sur les valeurs essentielles qui sont l’humain, des valeurs autour de l’humain.

Les entreprises, c’est les hommes. Il y a encore un F comme disent les gens parce que dans l’édition, il y a plus des femmes que des hommes.

Olivier Roland : J’aimerais qu’on parle de ce qui finalement, je pense, va faire le sel de cet interview. Tu as décidé de partir à l’étranger et d’abord, tu fais un test. Si je me rappelle bien, tu pars quelques mois à Barcelone et tu voulais déjà voir si tu allais pouvoir gérer ton entreprise à distance.

Est-ce que ça a un grand chamboulement quand même de faire cela ?

Stéphane Leduc : Peut-être que la graine était là. Depuis le diplôme à l’Essec, je rêvais de vivre à l’étranger. C’était pour moi de choses interdis parce qu’avec une boite à Paris, comment faire ? C’était un truc que je m’étais interdit.

Et on a décidé avec Tatiana d’aller à Barcelone et puis d’expérimenter ça. Je faisais des allers-retours et quelque part, j’ai un peu expérimenté une vie.

Je faisais des allés-retours EasyJet. C’est vrai que ça permet de voyager pas trop cher. Ça fonctionnait pas mal et j’aimais bien. Mais on ne se voyait pas vivre à Barcelone.

Olivier Roland : Tu as fait cela consciemment. Tu t’es dit : « Je vais faire un test de quelques mois qui n’engage à rien dans une ville où je peux facilement revenir à Paris en cas de besoin ».

Stéphane Leduc : Disons que ce que j’ai compris du management, c’est d’abord ne pas venir. C’est comme le médecin.

Olivier Roland : De laisser tes collaborateurs très tranquillement.

Stéphane Leduc : C’est ce que demandent les collaborateurs, c’est d’avoir évidemment du soutien, mais d’abord d’autonomie.

Et quand on recrute des gens qui sont très bons, c’est ce que j’essaie de faire et je crois que je suis entouré de gens qui sont particulièrement brillants, ils savent ce qu’ils ont à faire à partir du moment qu’on est d’accord sur les objectifs.

Olivier Roland : Avant de partir à Barcelone, tu passais combien de jours par semaine dans ton entreprise ? 5 jours sur 7 ?

Stéphane Leduc : J’étais comme un salarié, je travaillais encore dedans.

Olivier Roland : Donc, du coup, tu n’as pas eu peur quand même quand tu es parti à Barcelone ? Est-ce que tu as fait des choses avant de partir pour accompagner la transition ou tu as vraiment fait une rupture nette ?

Stéphane Leduc : J’étais à Paris toutes les semaines.

Dans une boite mature, quand tu as une boite qui commence à être rentable et qui tourne, beaucoup des gens pratiquent ce que j’appelle le management par le golf.

Olivier Roland : Les gens vont au golf et voir si tout s’écroule.

Stéphane Leduc : Ils disent : oui, démerdez-vous, je joue au golf. Souvent, ça marche dans une boite.

Olivier Roland : Donc, tu n’as pas eu de pression du tout ? Ça faisait 10 ans que tu travaillais comme ça, que tu étais là tous les jours et que tu es parti comme ça pendant 3 mois.

Stéphane Leduc : Un peu. Je ne sais pas comment ils l’ont vécu les salariés.

Olivier Roland : Tu n’as pas mis de procédure en place particulière ?

Stéphane Leduc : Pas vraiment.

Olivier Roland : Donc, tu as continué à bosser tous les jours sur ta boite de ton ordinateur portable ou pas ?

Stéphane Leduc : Oui. Pas tous les jours, mais je continuais de travailler pour la boite oui.

Olivier Roland : Et donc, tu disais que toutes les semaines, tu prenais l’avion, tu passais une journée dans ta boite.

Stéphane Leduc : Pratiquement oui, je passais un ou deux jours à Paris. À l’époque, j’avais encore mon appartement à Paris.

Olivier Roland : C’était quand même spécial. Tu prenais l’avion toutes les semaines. Et tu faisais 4, 5 allers-retours par mois.

Tu n’as rien mis en place. Puis, tu as juste arrêté de passer autant de temps dans ta boite et rien ne s’est écroulé. Tu as tout donné naturellement sans te poser de questions.

Tout ce que tu faisais avant et que tu n’avais plus le temps de le faire, tu as donné à tes collaborateurs. Et ça s’est bien passé.

Stéphane Leduc : ça s’est fait progressivement parce que les collaborateurs ont aussi besoin de monter et il y a des choses qui sont organisées un peu par eux-mêmes.

Olivier Roland : Finalement, ton message, c’est de dire : Les gars, à partir du moment que votre entreprise est mure, il n’y a plus qu’à le faire.

Stéphane Leduc : Je dirais que le message, c’est que si tu as des salariés qui peuvent monter en responsabilité, ils ne demandent que ça. Et si tu ne le fais pas, tu ne le leur donnes pas plus de responsabilité, tu ne leur donnes pas de croissance, qu’est-ce qu’ils ont à faire ? Ils cherchent un autre boulot. Donc, autant les faire grandir.

Pour moi, c’est comme ça que ça fonctionne.

J’avais une directrice éditoriale que tu connais, Johanne, qui après a bougé à Lille. Maintenant, c’est Carine qui a cette responsabilité. Elle fait un boulot extraordinaire. Je pense qu’elle est plus douée que moi à propos de tas de choses. Et je n’ai pas de problème avec ça.

Olivier Roland : Donc, après Barcelone, tu te dis : cette super expérience est concluante, mais je ne vais pas vivre à Barcelone. Et là, tu as choisi de vivre à Londres.

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Stéphane Leduc : Londres, c’était une ville dont j’étais amoureux. Et avec Tatiana, on est venu ensemble pour la foire de Londres qui a lieu tous les ans vers le mois d’avril. C’est la foire du livre de Londres.

C’est l’une des deux grandes foires au niveau des cessions de droit, etc. A Londres en avril et Francfort en octobre. C’est les deux grands moments de l’année.

Je n’ai pas du tout envie d’aller vivre en Francfort. Mais Londres, c’est une ville que j’ai toujours adoré.

Je sautais sur n’importe quel prétexte pour venir à Londres. Et donc, un peu sur un coup de tête, on s’est pris un appartement.

Olivier Roland : Et là, ça fait deux ans que tu vivais ici.

Stéphane Leduc : Je suis arrivé à Islington à deux pas d’ici et j’ai adoré.

Olivier Roland : On va se prendre des bières de temps en temps, du coup.

Stéphane Leduc : Des bières ou des sushis. Puis, j’ai adoré. Ça m’a donné envie de bien connaitre le marché international.

En fait, tout ça s’enchaine. Il y a le fameux discours de Steve Jobs. Il parle de connecter les points. Et je me suis rendu compte que c’était très vrai parce que j’ai fait une formation de management international et je ne rêvais que d’une chose, c’est de faire de l’international.

Maintenant, j’ai une maison d’édition en Angleterre.

Olivier Roland : C’est cela qui est génial. Tu as racheté ici une maison d’édition qui ne marchait pas très bien et ton objectif, c’est d’en faire un véritable succès.

Stéphane Leduc : J’ai rencontré Nick Eddison. C’est une boite qui a duré 30 ans. Elle a connu un bon parcours. C’était un très beau packager éditeur en Angleterre.

C’est un groupe de trois maisons d’édition, de trois entreprises que j’ai repris au mois de décembre.

Là, je suis en plein dedans. Je me retrouve dans les trucs de démarrage avec des questions que j’avais complètement oubliées, opérationnelles. Et c’est fascinant, passionnant.

En plus, c’est en anglais. C’est tous les enrichissements.

Olivier Roland : C’est un nouveau challenge. Les Editions Leduc, tu es toujours propriétaire. Tu continues à y aller à peu près une fois par semaine. C’est ça ?

Stéphane Leduc : J’y vais quand ils ont besoin de moi.

Olivier Roland : Malheureusement, ils ont encore besoin de toi parfois.

Stéphane Leduc : Je n’ai pas envie de dire ça. C’est plutôt que je m’occupe, je ne sais plus qui a écrit ça : quand tu es entrepreneur, il ne faut pas travailler dans tes boites, il faut travailler dessus.

Olivier Roland : Il faut travailler sur tes boites. C’est Michael Gerber dans « The E-Myth ».

Stéphane Leduc : Dans ce fameux livre qu’on a déjà parlé que je n’ai pas pu republier, mais ce que j’essaye de faire.

Les Editions Leduc, je travaille dessus. C’est une boite qui est en pleine croissance. J’ai une équipe formidable. Évidemment, il y a des tas de challenge. Ça chauffe, ça fuse, c’est fascinant, c’est super excitant, mais moins opérationnellement, c’est Londres qui m’intéresse aujourd’hui.

Olivier Roland : Puis là, tu prends le train, tu es à 2h30 de Paris. C’est magique, tu peux même faire un aller-retour dans la journée. Tu travailles dans le train.

Ce n’est pas très pratique de faire l’aller-retour dans la journée, mais c’est possible.

Stéphane Leduc : Oui, je l’ai fait de temps en temps. En général, je reste une nuit où il y a plein de choses à faire.

La frustration ou la question, c’est toujours la même. C’est qu’on a tous la même question : on n’a que 24 h dans une journée, qu’est-ce qu’on fait de ces 24 h ?

Donc, on est bien, on est heureux, on arrive à faire de choses qui ont du sens. Et c’est le cas pour tout le monde.

Et moi, c’est vrai que mon aventure, c’est de remonter, de faire avancer ce groupe.

A Paris, les choses se passent bien parce qu’il y a les gens hyper compétents qui sont meilleurs que moi. Donc, si on est d’accord sur la direction qu’on veut prendre, après, on discute de où on veut aller. Ça, c’est mon boulot. Le reste, je laisse faire.

Olivier Roland : Et du coup, quel conseil tu vas donner à quelqu’un qui a une entreprise comme toi, qui est assez mature et qui veut vivre à l’étranger ? Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil pour qu’il puisse sortir de l’organigramme et devenir moins indispensable ?

Stéphane Leduc : Je pense que c’est ce qu’on vient de dire : il ne faut pas travailler dans l’entreprise, mais dessus.

Olivier Roland : Mais tu m’as dit en même temps que tu n’es pas un homme de système, alors que l’approche Michael Gerber, c’est quand même beaucoup de mettre en place des systèmes qui travaillent sans toi justement.

Stéphane Leduc : Oui. Mais je veux dire par là, le système, c’est que tu trouves des gens et tu leurs fais confiance. Et la confiance se construit aussi au fur et à mesure.

Il faut faire monter en compétence les gens. Il faut les aider, les accompagner. Vraiment, c’est investir dans les gens.

Olivier Roland : Tu es plus dans le côté humain que de système finalement. Tu embauches les talents et derrière, ils s’occupent de faire les systèmes pour toi.

Stéphane Leduc : Mais disons que les systèmes, c’est les valeurs.

Moi, je travaille sur les valeurs. Si c’est dans mes valeurs, ça me va. Après, les gros systèmes, contrôles, etc., je dirais que ça pose plus de problèmes selon moi, dans mon système, dans mon expérience.

Olivier Roland : Pour quelqu’un qui démarre comme ça qui a sa boite tout seul, est-ce que tu penses que tu pourrais donner un conseil pour peut-être faire en sorte que son entreprise soit davantage au service de sa vie ? Ou tu penses que c’est un peu la malédiction pour la plupart des entrepreneurs de devoir travailler 70 heures par semaine ?

Stéphane Leduc : On a tous des petits moments dans la vie où on apprend des choses, et il y en a une que j’ai apprise et que j’ai mis longtemps à comprendre.

Quand je bricolais ma maison à Montreuil, un jour, je voulais changer la fenêtre de la salle de bain.

J’étais allé chez Laberge. J’avais acheté une fenêtre double vitrage, etc., une belle fenêtre en chêne. Je l’ai ramené. Puis, j’ai démonté la fenêtre, l’ancienne.

Après, j’avais invité un copain pour venir m’aider. Il est venu, on a mangé ensemble. Puis, il est venu m’aider et on a posé la nouvelle fenêtre.

Il y a un mec que je connaissais qui habitait de l’autre côté. Après, je discutais avec lui et il me dit : tu sais, j’ai rigolé tout à l’heure parce que je fais des devis, j’ai une entreprise de bâtiment. Ce que tu as fait là ce matin, moi quand je fais des devis, ça prend 20 mn.

Le secret à mon avis, ce que j’ai appris, c’est qu’on a tendance à penser qu’on peut faire les choses soi-même et effectivement on peut le faire soi-même.

Olivier Roland : Tu as mis combien de temps à le faire ?

Stéphane Leduc : Moi, ça m’a pris la journée.

Olivier Roland : Donc, avec un pro, tu aurais payé. Et lui, ça lui aurait pris quelques instants.

Stéphane Leduc : Disons qu’à l’époque, je n’avais pas beaucoup de frics et que j’étais content de le faire moi-même. En même temps, ce n’était pas productif.

Olivier Roland : Tu aurais peut-être gagné beaucoup plus d’argent en déléguant et en travaillant pendant cette journée.

Stéphane Leduc : C’est ça le message.

Olivier Roland : De faire attention au coût d’opportunité en fait. Ça, c’est intéressant.

Stéphane Leduc : Moi, je ne suis pas bon pour certaines choses et je suis capable parce que je suis capable d’apprendre à faire de la comptabilité. Je suis capable d’apprendre à faire des tas de choses qui ne m’intéressent pas.

Le bon choix, c’est de concentrer sur ce qu’on a envie de faire, de ce qu’on a envie de bien faire.

Donc, si on a envie de passer ses journées à faire des factures ou de pointer les comptes ou je ne sais pas, parmi les tâches qui peuvent y avoir. Les tâches où on n’est pas bon, où on est lent où, etc., et sans se rendre compte.

Olivier Roland : Ce n’est pas parce qu’on démarre et qu’on n’a pas beaucoup de ressources qu’il faut vouloir tout faire soi-même.

Une des plus grosses erreurs qu’on peut faire quand on démarre en étant entrepreneur, c’est de vouloir faire soi-même la compta par exemple.

Il y en a encore qui veulent le faire parce qu’ils disent : moi, je ne vais pas payer 2 000 euros ou 3 000 euros par an pour un point en comptable. C’est vraiment le premier truc à externaliser. Vous ne devriez jamais toucher même de loin.

Stéphane Leduc : Ce qui est important à mon avis, c’est de comprendre ce qui se passe parce que c’est important de savoir ce qui se passe surtout sur des domaines comme les chiffres parce qu’on a vite fait de se faire enfumer par les comptables aussi.

Mais les chiffres, c’est de l’arithmétique. Après, le reste, il ne faut pas s’amuser à perdre son temps.

Olivier Roland : Puis, il y a des risques légaux, fiscaux très importants si on fait soi-même et qu’on fait des erreurs. Puis, c’est tellement complexe et on a autre chose à faire.

Je le dis toujours d’ailleurs et c’est un conseil de Michael Masterson : la plupart des entrepreneurs, quand ils démarrent, passent 20 % de leur temps à vendre et 80 % de leur temps à faire tout le reste : à faire le design de leur site, à faire leur compta, à aménager leur bureau alors que c’est exactement l’inverse qu’ils devraient faire parce que tant que ton entreprise n’a pas fait une vente, c’est juste une hypothèse qui est non prouvée. Et donc, ça ne sert à rien d’investir de l’argent ailleurs que dans le fait de trouver vraiment tes premiers clients.

Stéphane Leduc : Je pense que là, on est quand même aussi sur un cas difficile. C’est que quand tu démarres et que tu n’as pas de revenu, tu ne peux pas payer des gens pour faire le boulot. Donc, tu te dis : je suis obligé de le faire moi-même.

Mais dès que tu peux, il faut te libérer parce qu’effectivement, un pro va faire le boulot bien.

D’abord, il faut savoir ce que c’est que du bon boulot parce que si tu ne connais pas, tu es obligé d’apprendre quelque part un minimum. Mais il faut s’en débarrasser le plus vite possible des taches sur lesquels on n’est pas de valeur ajoutée.

Il y a des boites dans laquelle la valeur ajoutée, c’est de vendre. Il y en a d’autre, c’est de créer. Et il faut mettre de l’énergie là ou on est bon.

Pour moi, la valeur ajoutée est dans les gens. Donc, il faut trouver les bonnes personnes.

Olivier Roland : Récemment, j’ai publié sur ma chaîne une vidéo où j’explique comment vous pouvez externaliser au début quand vous n’avez pas beaucoup d’argent.

Il y a des tas de sites pour ça pour embaucher des gens par exemple en Tunisie ou au Maroc parce qu’au début, vous n’avez pas forcément l’argent pour embaucher des personnes en France même à temps partiel.

Ça vous permet justement de déléguer plus vite dans l’histoire de votre entreprise sans entendre d’avoir atteint un niveau où vous êtes capable de payer 3 ou 4 000 euros, un salaire en France.

Stéphane Leduc : C’est vrai qu’en France, c’est compliqué d’embaucher des gens. C’est une décision qui est très engageante. On ne peut pas se permettre de dire : je te prends pour une journée ou pour une semaine. Donc, c’est un petit peu difficile.

Mais si la décision est de créer des équipes, il faut le faire.

Olivier Roland : J’ai une question pour toi qui va t’intéresser parce que tu es un éditeur, tu as publié pas mal de livres que j’ai lus comme « GTD », « les 48 lois) du pouvoir », etc., et puis bientôt, mon bouquin que j’ai pas mal lu vu que c’est moi qui l’écris. Quels sont les livres qui ont changé ta vie Stéphane ?

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Stéphane Leduc : Ça, c’est une bonne question. J’adore cette question parce que justement je suis en train de travailler sur un projet de podcast sur cette question.

Je suis en train de refaire ma bibliothèque idéale parce que je fais comme toi. Je m’en suis un peu débarrassé.

Olivier Roland : Quand on déménage, c’est compliqué de bouger les livres avec soi.

Stéphane Leduc : Pour plusieurs raisons. Il y en a une : c’est que quand tu aimes un livre, en tout cas, c’est mon expérience personnelle, je n’arrive pas à le garder.

Olivier Roland : Tu le donnes ? Tu le prêtes ?

Stéphane Leduc : Que je le prête ou je le donne, c’est le même résultat.

C’est la première raison.

La deuxième raison qui m’empêche d’avoir une bibliothèque, c’est probablement d’avoir beaucoup de livres sur Kindle.

Olivier Roland : Le plus intéressant, c’est quels sont les livres qui ont changé ta vie ?

Stéphane Leduc : Dans le business, probablement le même que toi ou à peu près : « La semaine de 4 heures », « The E-myth ».

Olivier Roland : Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment tu as découvert « La semaine de 4 heures » ? Qu’est-ce que ça a fait exactement comme changement ?

Stéphane Leduc : « La semaine de 4 heures », je l’ai découvert parce que le titre m’a tapé dans l’œil parce que je faisais encore la semaine de 70 heures.

Olivier Roland : Tu n’es pas le seul.

Stéphane Leduc : Exactement. Je voyais ce titre. Et j’ai pris quand même de temps en temps des vacances. J’ai amené ce livre à la place et je suis devenu complètement dingue.

Olivier Roland : C’est arrivé à beaucoup d’entre nous.

Stéphane Leduc : Ça a vraiment changé ma vision des choses. Ça m’a donné envie de lire plus de livres de développement personnel, ce que je ne faisais plus.

Il y a eu ça, il y a eu la « GTD » parce que ça m’a aussi beaucoup aidé à rendre des grands services. Mais avant cela, il y a eu…

Olivier Roland : « GTD », c’est une méthode d’organisation. C’est comme ça que tu t’es dit : je vais faire la traduction en français puisqu’à l’époque, c’était en anglais.

Stéphane Leduc : Non, ça ne s’est pas passé comme ça. Le bouquin m’a été proposé par un éditeur canadien.

Olivier Roland : Un québécois. C’est déjà traduit en français, et il fallait l’adapter.

Stéphane Leduc : Disons que souvent ce qui se passe avec le Québec, c’est que les éditeurs québécois font un livre pour leur marché et on partage les droits. Ils font le Canada ou l’Amérique du Nord et nous, on fait le reste du monde. On se partage les droits. Ils font le marketing.

Il y a des différences, les couvertures, etc., en général les titres.

Je me souviens toujours d’un titre que j’ai acheté justement à cet éditeur. Chez eux, c’était « Deniaise ». En Europe, ça ne parle pas, c’est vraiment une expression québécoise. Donc, ça fait partie des choses.

Olivier Roland : Une adaptation.

Il y a donc « GTD » qui a changé ta manière d’organiser.

Stéphane Leduc : Avant, il y en a un que j’apprécie, c’est « Comment se faire des amis ? ».

Olivier Roland : C’est marrant. C’est vraiment les mêmes bouquins dont je parle finalement. C’est vraiment les classiques.

Stéphane Leduc : C’est les classiques, ils sont extraordinaires. Ce n’est pas tout à fait le livre qui m’a changé la vie. J’ai lu ça très jeune et je ne regrette pas parce que je suis un introverti de nature et ce livre m’a permis de sortir d’un isolement que j’avais systématiquement parce que j’étais timide. C’est vrai que c’est un livre qui m’a vraiment appris à…

Olivier Roland : Tu en parles dans mon bouquin d’ailleurs, que Waren Buffett avait fait un teste scientifique pour voir si c’était valide ou pas et qu’il a vraiment vu la différence puisqu’on a utilisé ces principes-là par rapport à…

Stéphane Leduc : Les principes sont extraordinaires. Et c’est vrai que moi, ça fait partie des choses qui m’ont fasciné et qui m’ont donné envie de publier de livres. C’est cette approche pragmatique qu’on trouve chez les Anglo-saxons qui manque tellement dans l’approche française parce qu’en France, on a l’intelligence. C’est une qualité. Mais un discours à la française, c’est thèse, antithèse, synthèse. On a un bon raisonnement.

Alors que les Américains, c’est summary, description et enfin summary. Donc, on est beaucoup plus terre-à-terre, mais en même temps ça apporte beaucoup plus de résultats.

Typiquement un français, ça change maintenant évidemment, mais l’approche classique française, c’est un magnifique discours sur la relation humaine. Ou un livre de philosophie.

Olivier Roland : Oui. C’est très fin, mais beaucoup théorique. Je suis bien d’accord avec ça. C’est une des différences culturelles qu’on a avec les Américains. Ils ont vraiment l’esprit très pratique.

Je pense que c’est une sélection naturelle parce que quand tu quittes tout et que tu vas dans un autre pays où tout est à construire, si tu n’as pas l’esprit pratique, tu ne vas pas bien loin.

Stéphane Leduc : Ça, c’est une belle aventure. Je pense que tu l’as vis aussi en habitant à Londres et en voyageant beaucoup.

Ça, c’est vrai que une autre langue. Moi, je le vis avec les salariés britanniques, salariés anglais, australiens, irlandais, écossais.

Olivier Roland : De langue anglaise.

Stéphane Leduc : Oui, d’abord, il y a la langue. Puis aussi, il y a la culture, il y a des manières de faire. C’est assez passionnant.

Olivier Roland : On a déjà parlé de livre. Donc, « La semaine de 4 heures », « The E-myth », les deux sont très complémentaires, qui t’a donc inspiré à travailler moins et à faire peut-être ce voyage aussi de vivre à l’étranger. Il y a « GTD » pour l’organisation, « Comment se faire des amis ? » t’a aidé à sortir de ta timidité.

Stéphane Leduc : Avant, quand j’étais môme sur la politique, « le Banquier anarchiste ».

Olivier Roland : Oui, tu m’avais parlé de ce livre, je n’ai pas lu encore.

Stéphane Leduc : C’est un livre que j’ai bien aimé. Il y a plein de livres. Il faut que je fasse ma liste. J’ai commencé à le faire.

Après il y a un bouquin de Flaubert que j’adore qui est un peu moins connu « La tentation de Saint Antoine ». Un bouquin qui m’a fasciné pour des raisons un peu bizarres, mais je ne pourrais pas exposer comme ça. Il y a d’autres romans. J’ai beaucoup aimé « Le Bucher des vanités » par exemple.

Olivier Roland : Ça, je n’ai pas lu. C’est intéressant.

Stéphane Leduc : Tu vas faire la chronique du « Banquier anarchiste » alors ?

Olivier Roland : Il faut déjà que je le lise, mais j’ai mis dans ma to do list depuis que tu m’en parlais parce qu’effectivement, ça m’a l’air intéressant.

Stéphane Leduc : Un livre que je recommande et que tu dois chroniquer, c’est « Sapiens ».

Olivier Roland : Oui, je l’ai sur mon kindle.

Est-ce que tu as lu le dernier chapitre de mon bouquin ?

Stéphane Leduc : Oui, je l’ai lu.

Olivier Roland : Ça parle quand même de sujet un peu similaire, mais dans un format beaucoup plus condensé.

Stéphane Leduc : Effectivement, on parlait de la singularité, etc., et c’est effectivement un des thèmes dans « Sapiens » puisqu’il parle de la singularité sans la nommer.

On est en train de vivre une époque formidable. Peut-être qu’il y a un point qui me parait important et que j’aime beaucoup dans ce sujet-là, c’est que beaucoup de gens sont partis en Europe. On a l’impression qu’on est en train de vivre la fin de l’histoire.

Et une autre vision des choses, c’est qu’on a peut-être en train de vivre le début de l’histoire de l’humanité.

Olivier Roland : On ne va pas en parler parce que c’est tout un concept.

La singularité, c’est quand on invente. Il y a une intelligence artificielle suffisamment intelligente pour elle-même inventer une autre intelligence artificielle qui est plus intelligente qu’elle et qui elle-même pourra inventer un truc encore plus intelligent qu’elle. Et du coup, très rapidement, on a une sorte d’évolution ultra rapide et on se trouve avec une machine ultra intelligente qui a plusieurs échelles au-dessus de nous, un petit peu comme entre nous et le chien ou même entre nous et la fourmi. Il y a différente théorie par rapport à ça.

Stéphane Leduc : Il y a plein de spéculations qu’on peut faire. La question, c’est est-ce que c’est intelligent va vouloir garder l’humanité comme une compagnie.

Olivier Roland : C’est le grand débat puisque là, à peu près, tout le monde s’accorde sur le fait qu’un jour, ça va arriver sauf si on met vraiment en place des restrictions importantes et encore il y aura sans doute une compétition entre les pays pour le faire.

Peut-être pour finir, c’est quand même toi qui as trouvé le titre « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études ».

C’est quand même pas mal parce que j’ai cherché pendant des mois le titre de mon bouquin. J’ai écrit pendant 3 ans et demi. Pendant 3 ans, je ne connaissais pas le titre. J’avais un titre provisoire au début du manuscrit.

J’avais même demandé à ma communauté et c’est quand même toi qui as trouvé le titre.

Stéphane Leduc : Ça prouve quand même que j’ai encore quelques compétences.

Olivier Roland : C’est intéressant parce qu’on mangeait en plus, et tu me dis cela entre le pois et le fromage. J’ai pensé à cela, qu’est-ce que tu en penses ? Moi, j’ai trouvé le titre génial. J’ai demandé à ma communauté et ils l’ont trouvé génial. Même mes tests en plus ont montré que les gens, ça leur plaisait plus. High-five pour ça, bravo.

Stéphane Leduc : Non, mais bravo à toi. Je trouve que tu as été très généreux dans ton livre qui apporte vraiment beaucoup. J’ai même presque envie de dire trop généreux parce que tu en donnes trop.

Olivier Roland : On a eu un grand débat sur est-ce qu’on le coupe en deux ou pas. Toi, tu étais plus pour le fait de couper en deux. Mais, j’ai décidé de le garder en un.

C’est ma faute si vous le trouvez trop lourd. Vous pouvez aussi vous en servir pour faire de la muscu.

Stéphane Leduc : Non, je pense que tu as fait ce que tu voulais faire et tu as mis le paquet. C’est bien.

Olivier Roland : Déjà, je suis bien content de l’avoir terminé. Maintenant, on va tout faire pour que ce soit un super succès et que cela touche surtout un maximum de personnes.

Merci Stéphane d’avoir partagé tout ça avec nous. J’espère que ça vous a inspiré à faire plein de choses : déjà à lire un peu plus. Si vous pouvez au moins sortir ça, c’est génial.

Deux, comprendre que même avec une entreprise classique, on peut voyager à partir du moment où on a les bonnes personnes ou les systèmes, et en tout cas déjà on a la philosophie parce que peut-être que si tu n’avais pas fait cette formation et que tu n’avais pas lu « La semaine de 4 heures », peut-être aussi même qu’il ne te serait jamais venu l’idée d’avoir une entreprise tout en la gérant de Barcelone ou de Londres.

Peut-être que ça vous a aidé à étendre un petit peu votre horizon.

Stéphane Leduc : Lisez des livres, c’est bon.

Olivier Roland : Et voyager, c’est très intéressant pour sortir un peu du carcan social dans lequel on est.

Merci Stéphane d’avoir partagé cela avec nous.

un commentaire
  1. Quand j’ai lu le nom de la personne interviewé, je me suis demandé qui était elle.
    Puis après j’ai découvert que ma bibliothèque était rempli de ses livres.

    J’aime beaucoup l’homme et sa façon d’être.
    Merci pour ce nouvel interview inspirant !

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